[Qualité du lait] Actualités à retenir du Symposium « Au cœur du lait » du 20/09/22
MSD a organisé à Pacé, le 20 septembre 2022, un congrès sur les récentes recherches scientifiques concernant les moyens de limiter ou de modifier l’utilisation des antibiotiques dans le cadre de la santé mammaire.
La prévention des mammites
Dr Sofie PIEPERS – faculté de médecine vétérinaire de Gand
Les mesures habituelles de prévention sont toujours très efficaces pour réduire le nombre de mammites et le taux cellulaire de tank :
- Avoir des mamelles propres et couper les poils des mamelles et de la queue
- Premiers jets, pré-trempage (1 lingette/ vache) et post-trempage bien appliqués
- Fonctionnement et entretien de la machine à traire / du robot de traite
- Obturateur de trayon au tarissement
Réduire l’usage des antibiotiques
Dr Guillaume LEQUEUX – LABOCEA de Fougères
Avec 0,27 traitements antibiotiques par animal et par an, les bovins ont la plus faible utilisation d’antibiotiques depuis 10 ans, comparé aux autres espèces animales.
Chez les bovins laitiers, dans 70% des cas on utilise un traitement antibiotique pour gérer les infections mammaires en lactation ou au tarissement.
La réduction de l’utilisation des intra mammaires se voit surtout en lactation et peu au tarissement.
Les résistances aux antibiotiques évoluent peu en ce qui concerne les germes responsables de mammites et cellules. La vigilance reste de mise vis-à-vis les staphylocoques et Streptococcus uberis.
La réduction de l’utilisation des antibiotiques et les traitements ciblés (et non à spectre large) permettent toujours une limitation des résistances.
Le traitement sélectif au tarissement avec utilisation d’un obturateur de trayon permet une réduction rapide et massive des traitements antibiotiques chez les bovins laitiers.
Retour sur l’obligation du traitement sélectif au tarissement aux Pays Bas
Jantijn SWINKELS – Directeur scientifique chez MSD
Le tarissement sélectif est devenu obligatoire en 2013 :
- Absence d’antibiotiques au tarissement pour les primipares inférieures à 150 000 cellules/mL
- Absence d’antibiotiques au tarissement pour les multipares inférieures à 50 000 cellules/mL
Résultats :
- Réduction de l’utilisation d’antibiotiques
- Réduction du taux cellulaire de tank
- Réduction du pourcentage de vaches à taux cellulaires élevés
- Légère augmentation des nouvelles infections après tarissement pour les exploitations ayant une réticence à utiliser les obturateurs de trayon et/ou une mauvaise gestion du tarissement
Les obturateurs sont très efficaces pour réduire les nouvelles infections au tarissement (Rabiee & Lean, 2013) :
- Sans antibiotique, l’obturateur de trayon permet de diminuer de 73% la survenue des mammites subcliniques et de 48% celle des mammites cliniques.
- Avec antibiotiques, l’obturateur de trayon permet de diminuer de 25% la survenue des mammites subcliniques et de 29% celle des mammites cliniques.
La gestion globale de la vache tarie reste un élément incontournable :
- Réduction des pertes de lait
- Trayons en bon état
- Réduction du stress
- Optimisation de la note d’état corporel au tarissement
- Hygiène lors de l’application du protocole de soins au tarissement
- Hygiène et confort du logement
- Adéquation de la ration aux besoins physiologiques
Les nouvelles recommandations en cas de nécessité de traitement de mammite clinique
Sofie PIEPERS – faculté de médecine vétérinaire de Gand
Objectif des études présentées :
Quelles sont les bénéfices attendus lors de la réalisation des analyses bactériologiques systématiques lors de mammites cliniques peu graves pour adapter le traitement ?
Prérequis :
On utilise ou on poursuit un traitement antibiotique uniquement si une bactérie Gram+ pousse. Lorsqu’il n’y a pas de croissance bactérienne ou qu’il s’agit d’une bactérie Gram-, on arrête ou on ne commence pas de traitement antibiotique et on soutient avec un anti-inflammatoire non stéroïdien.
2 options sont possibles :
- Soit on traite immédiatement la mammite et on adapte le traitement en fonction des résultats bactériologiques (augmentation de la durée et/ou ajout d’un traitement injectable).
- Soit on attend 24h les résultats de la bactériologie pour décider du traitement
Les 2 options permettent une réduction de l’utilisation des antibiotiques, et en particulier lorsque la proportion de Gram– ou d’absence de croissance bactérienne sont importantes. Dans les exploitations où l’augmentation du délai avant traitement réduit les chances de guérison et où les Gram+ sont responsables de plus de 10% des mammites, il n’est pas rentable d’attendre le résultat de la bactériologie avant de traiter.
On ne peut donc pas généraliser : le choix des stratégies de traitement des mammites cliniques peu sévères se raisonne toujours à l’échelle de l’exploitation.
Conclusion
La prévention reste l’élément clé de la santé mammaire ET de la réduction de l’usage des antibiotiques. Votre conseiller est là pour vous accompagner au quotidien. Si besoin, un consultant qualité du lait peut intervenir pour faire le point avec vous sur votre stratégie de maîtrise des cellules et mammites.
Le tarissement sélectif est un moyen facile de réduire l’utilisation des antibiotiques. Dans le calendrier prévisionnel, si toutes les mammites sont entrées dans le carnet sanitaire, le statut SPS cible les vaches qui ont le moins de risque de se contaminer si on ne met qu’un obturateur de trayon au tarissement. Les SDC méritent une analyse cellulaire ou bactériologique par quartier.
Réaliser des bactériologies à la ferme est aujourd’hui possible. Ça permet, après concertation avec votre vétérinaire praticien, d’optimiser le rapport coût-bénéfice des traitements des mammites modérées en lactation et/ou des traitements au tarissement.